L’ancien Premier ministre tunisien et figure de l’opposition, Ali Laarayedh, a été condamné à 34 ans de prison pour des accusations liées au terrorisme.
Une décision dénoncée par les défenseurs des droits humains, dans un contexte de répression croissante des opposants au régime de Kaïs Saïed.
Un tribunal tunisien a condamné, vendredi, Ali Laarayedh, ancien Premier ministre et dirigeant du parti islamiste modéré Ennahda, à 34 ans de réclusion. Il est accusé, avec sept autres personnes, d’avoir mis en place une cellule terroriste et facilité le départ de jeunes Tunisiens vers des zones de conflit, notamment en Irak et en Syrie.
Âgé de 69 ans, Laarayedh est une figure de l’opposition au président Kaïs Saïed. Il rejette fermement les accusations, qu’il qualifie de politiquement motivées. Ennahda, brièvement au pouvoir après la révolution de 2011, fait depuis plusieurs années l’objet d’une répression croissante de la part des autorités.
Cette condamnation intervient dans un climat politique particulièrement tendu. Depuis plusieurs semaines, une vague d’arrestations frappe les détracteurs du président : au moins 40 personnes ont été incarcérées, parmi lesquelles des journalistes, avocats et diplomates. Plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, dénoncent une instrumentalisation de la justice pour faire taire l’opposition.
Élu en 2019, Kaïs Saïed concentre aujourd’hui l’essentiel des pouvoirs. Après avoir dissous le Parlement en 2021, il gouverne par décrets et a fait adopter une nouvelle Constitution renforçant ses prérogatives. Il affirme lutter contre des « traîtres » et dénonce une « ingérence étrangère flagrante ».
La Tunisie, berceau du Printemps arabe, semble s’éloigner des idéaux démocratiques qui ont émergé après la chute du régime de Ben Ali. De plus en plus de voix, dans le pays et à l’étranger, s’inquiètent d’un retour à l’autoritarisme.
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