À mesure que les jours passent inexorablement en direction du grand événement du football africain en Côte d’Ivoire, les critiques les plus virulentes à l’encontre de l’entraîneur blanc de l’équipe ivoirienne se font de plus en plus féroces.
Quel que soit le résultat des matchs des Éléphants, qu’il s’agisse d’une victoire, d’un match nul ou d’une défaite, les mêmes discours dénigrants émanant de prétendus experts du football fusent constamment à l’encontre de l’entraîneur.
Cela s’est manifesté après la défaite 3-0 face aux Chipolopolos au stade Mwanawasa en Zambie. Samedi dernier, lors du match contre le Lesotho à San Pedro, la Côte d’Ivoire a certes gagné 1-0, mais les critiques habituelles ont refait surface, pointant du doigt l’entraîneur, sans prendre en compte que la plupart des équipes africaines se valent, avec des joueurs évoluant dans des championnats étrangers.
La question qui se pose est la suivante : que souhaite-t-on réellement ? Un nouvel entraîneur capable de réaliser des miracles avec ces nouveaux joueurs sélectionnés, voire suppliés de porter le maillot national ? Quels miracles peut accomplir un entraîneur dans un contexte où ce qui manque le plus, ce n’est pas seulement le talent individuel, mais surtout la volonté, l’esprit combatif.
Tant que les joueurs mobilisés pour une mission ne portent pas en eux l’âme des guerriers prêts à se battre avec détermination pour accomplir leur mission, nous continuerons d’avoir une équipe dont les succès sont modestes.
Je me suis exprimé lundi dernier dans un article intitulé “Laissez l’entraîneur tranquille !” en tant qu’observateur attentif du sport roi, plutôt qu’en tant que passionné ou spécialiste, et j’ai avancé l’exemple de l’Asec avec son entraîneur brésilien Orlando. Ce dernier, bien qu’inconnu au Brésil, avait réussi à remporter tous ses matchs en Côte d’Ivoire, grâce à des joueurs comme Laurent Pokou, qui étaient de véritables combattants.
Aujourd’hui, la critique de l’entraîneur est systématique après chaque défaite, ce qui était rarement le cas dans le passé, car les joueurs se blâmaient en premier lieu. Ils jouaient avec dévouement pour leurs clubs et pour l’équipe nationale, un honneur qu’ils devaient mériter grâce à leur talent et à leur détermination.
Malheureusement, de nos jours, il suffit de marquer quelques buts en Europe pour être sélectionné, même si cela signifie rester sur le banc par la suite. Les nouveaux médias font l’éloge de ces prouesses, en mettant en avant les “talents d’Afrique” dans les clubs européens riches, et demain peut-être, dans les pays arabes.
Pour ces joueurs, le drapeau national n’a pas la même signification que pour ceux qui ont grandi en Côte d’Ivoire, car ils ont choisi le football comme un moyen de garantir une vie décente à l’étranger. L’engagement envers l’équipe nationale est moindre.
Dans ce contexte, que peut accomplir un entraîneur lorsque les joueurs ne sont là que pour se montrer patriotiques et se protéger de blessures, sachant qu’ils seront les seuls à en pâtir en cas de problèmes ? Pas grand-chose, en réalité. La génération de joueurs patriotiques, tels que Drogba, Yaya Touré, Zokora, et Kalou, est révolue. Nous devrions donc nous contenter de nos modestes résultats en attendant un changement de paradigme en matière de sélection nationale, en misant sur des joueurs locaux talentueux, même s’ils ne sont pas aussi médiatisés que les “talents d’Afrique”.
En somme, laissons les entraîneurs en paix et repensons notre approche du football national.
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