Il y a 20 ans, à Bouaké, en Côte d’Ivoire, 9 soldats français étaient tués et 35 blessés lors de bombardements d’avions de chasse. Les commanditaires restent inconnus et, trois ans après le procès, l’affaire demeure non élucidée.
Revenons au 6 novembre 2004. Il est 13h20 lorsque deux avions de chasse de type Sukhoï, appartenant à l’armée ivoirienne, bombardent la base française de Bouaké, située dans la moitié nord du pays. Une heure plus tard, en représailles, la France neutralise la flotte aérienne ivoirienne. C’est un choc pour les soldats de l’opération Licorne et pour l’opinion publique. Une enquête devait être lancée, mais elle tarde à démarrer. Dix jours plus tard, des mercenaires biélorusses sont arrêtés au Togo, accompagnés de deux Ivoiriens, fortement soupçonnés d’avoir mené le raid. La France est informée, mais là encore, rien ne se passe, poussant le Togo à les relâcher.
À cette période, la Côte d’Ivoire traverse une situation politique tendue depuis deux ans. Les milices pro-gouvernementales, proches de Laurent Gbagbo au sud, s’opposent aux rebelles au nord. Face à la crainte de massacres ethniques, l’ONU déploie des soldats de la force Licorne dans la « zone de confiance » pour faire respecter le cessez-le-feu. Cependant, deux jours avant le drame, l’armée ivoirienne rompt le cessez-le-feu et lance l’opération « Dignité » contre le nord. Les casques bleus freinent alors la progression des troupes de Gbagbo dans la zone de confiance.
L’attaque de Bouaké provoque un rapatriement massif de ressortissants français, menacés par des partisans de Gbagbo. L’affaire suscite un engouement médiatique tel que Jacques Chirac, alors président, rend hommage aux victimes aux Invalides.
Au-delà du caractère tragique de cet épisode, cette affaire cristallise les rapports souvent tendus, parfois ambigus, entre la France et de nombreux pays du continent africain.
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