L’ancien chanteur de bikutsi reconverti en leader spirituel controversé, Saint Désir Atango – de son vrai nom Atangana Atangana Désiré – suscite l’indignation nationale après avoir publiquement revendiqué des relations sexuelles avec ses propres filles, au nom d’une prétendue mission de « libération de l’Afrique ».
Des aveux glaçants
La controverse a éclaté suite à la diffusion sur les réseaux sociaux d’un procès-verbal d’interpellation dans lequel l’artiste justifie ses actes. Loin de les nier, il affirme assumer pleinement ces relations incestueuses, qu’il présente comme une forme de résistance contre les dogmes religieux importés par la colonisation. « Ce que les religions impérialistes interdisent n’est pas toujours mauvais », avance-t-il dans une déclaration qualifiée d’« hallucinante » par de nombreux observateurs.
Une doctrine personnelle controversée
Se définissant comme « animiste fondamentaliste », Atango rejette toute accusation d’inceste, arguant que sa spiritualité reconnaît « l’importance du sang pur ». Allant jusqu’à se comparer au Christ, il soutient que « Dieu n’aurait pas permis la naissance de son petit-fils » si de telles unions étaient prohibées.
Depuis son éloignement du monde musical, Atango s’est autoproclamé guide d’une spiritualité dite « africaine » et affirme être « le Christ venu pour délivrer le peuple noir ». Il appelle à une révision des lois camerounaises, qu’il estime trop influencées par les religions abrahamiques, et plaide pour le retour à des pratiques « authentiquement africaines ».
Un témoignage qui divise
Dans la foulée de son interpellation, l’une de ses filles, également mère de l’un de ses enfants, a exprimé son soutien devant les enquêteurs. Elle affirme : « Mon père m’a fait un très beau bébé et je ne comprends pas pourquoi il est détenu. » Elle évoque un consentement mutuel et justifie leur relation par leur croyance religieuse : « Mon père est mon premier mari. »
Vives réactions et rappels à la loi
Ces propos ont déclenché une vague d’indignation à travers le pays. L’avocate Alice Nkom, figure de la défense des droits humains, a appelé à une réaction ferme du procureur, dénonçant une « infraction grave au Code pénal camerounais ». Elle martèle : « Aucune spiritualité, aucun dogme, aucune religion ne peut justifier, couvrir ou excuser ces actes. »
Elle rappelle que l’article 360 du Code pénal réprime explicitement l’inceste, et que la protection des enfants est une priorité juridique et morale non négociable.
Entre scandale spirituel et manœuvres politiques ?
Dans sa défense, Atango avance que ses détracteurs chercheraient à l’éliminer en raison de son implication dans un projet d’aménagement de lac et de sa candidature à la chefferie traditionnelle du groupement d’Ebang. Il dénonce également des pressions liées à sa demande d’enquête sur la mort du chef Betene Anguissa.
Une société choquée, une justice attendue
L’affaire, qualifiée de « scandale qui scandalise le Cameroun », pose de sérieuses questions sur les limites entre croyance personnelle et infraction pénale. Elle met en lumière les risques liés aux dérives sectaires, et souligne l’urgence d’une réponse judiciaire claire face à des actes jugés « inacceptables au regard de la loi, de la morale, de l’éthique, et des droits fondamentaux de l’enfant et de la femme ».
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