La ville de Bouaké s’apprête à vibrer au rythme des festivités marquant le 65e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le 7 août prochain.
Selon les autorités municipales, un grand défilé est prévu sur le boulevard Reine Pokou, en présence du président Alassane Ouattara. Mais alors que les préparatifs s’intensifient, un symbole emblématique de la commune reste dans l’ombre : la piscine municipale, laissée à l’abandon.
Longtemps cœur des grandes festivités, ce site mythique est aujourd’hui en ruine, suscitant interrogations et frustrations chez les habitants. Le chantier de sa réhabilitation, lancé en grande pompe le 25 septembre 2020 par le ministre Amadou Koné, alors non encore maire, devait s’achever en huit mois. Près de cinq ans plus tard, les travaux sont à l’arrêt, et le projet semble enlisé dans l’incertitude.
Baptisée du nom d’Amadou Gon Coulibaly, ancien Premier ministre, la nouvelle piscine devait s’intégrer à un vaste complexe de loisirs de deux hectares, doté notamment d’une piscine semi-olympique, d’un amphithéâtre, d’une salle de mariage, d’un restaurant, d’une boîte de nuit et d’espaces pour enfants. Montant global estimé : plus de 4 milliards de FCFA. Un projet ambitieux, porteur d’espoir, qui n’a jamais vu le jour.
« La mairie est bénéficiaire, mais pas maître d’ouvrage », tempère Paul Dakuyo, premier adjoint au maire, joint par téléphone. Selon lui, les blocages relèvent du ministère des Infrastructures économiques, principal financier. « Si cela ne tenait qu’à la mairie, les travaux seraient déjà achevés, dans les limites de notre budget communal », affirme-t-il, tout en assurant que le ministre-maire Amadou Koné œuvre à la reprise des chantiers, notamment celui du marché central.
Pendant ce temps, les habitants, déçus, improvisent des espaces de loisirs ailleurs, comme sur le boulevard du Carnaval transformé en zone d’activités culturelles. Beaucoup s’interrogent sur les raisons réelles de cet abandon : déficit de planification, manque de financement, ou simple désintérêt ?
Symbole d’une époque où Bouaké rayonnait sur la scène nationale, la piscine municipale reste un marqueur fort de l’identité de la ville. La laisser à l’abandon, à la veille d’un événement aussi symbolique que l’indépendance, résonne comme un aveu d’échec. Alors que la capitale de la paix se prépare à accueillir la Nation entière, la question reste posée : quand Bouaké pourra-t-elle enfin tourner la page de ses chantiers inachevés ?
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