Joël N’Guessan, membre influent du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), a été interpellé mercredi à la préfecture de police d’Abidjan, où il avait été convoqué.
Selon des sources policières, il a été placé en garde à vue et devrait être présenté ce jeudi au parquet. Il est notamment poursuivi pour outrage à magistrat, ainsi que pour d’autres motifs encore non dévoilés.
Cette arrestation fait suite à une interview polémique accordée mardi à un média en ligne, dans laquelle l’ancien ministre et ex-porte-parole du RHDP a vivement attaqué la justice, l’accusant d’alimenter les tensions pré-électorales. Ses déclarations, largement relayées, ont suscité de vives réactions.
« Les magistrats, premiers responsables en cas de troubles »
Joël N’Guessan a pointé du doigt le rôle de la justice dans le refus de délivrer un certificat de nationalité à Tidjane Thiam, candidat à la présidentielle. « Ce sont les magistrats qui ont pris cette décision. Si demain, le pays sombre dans le chaos, les premiers responsables seront les magistrats », a-t-il affirmé, les appelant à plus de retenue dans le traitement des dossiers sensibles.
Il a également dénoncé l’exclusion de plusieurs figures politiques des listes électorales, avertissant d’un risque de crise majeure. *« Si cette situation persiste, elle pourrait dégénérer en un conflit plus grave que celui de 2010-2011 »*, a-t-il prévenu.
Un climat politique sous tension
Si certains voient dans ses propos un appel à la prudence, d’autres y perçoivent une attaque envers l’institution judiciaire. Le parquet a rapidement réagi, dans un contexte déjà marqué par des divisions accrues autour du scrutin d’octobre.
Cette affaire soulève des questions sur les limites de la liberté d’expression en période électorale, alors que les rapports entre politiques et magistrats se tendent davantage. Elle révèle aussi des fractures au sein même de la majorité présidentielle, à quelques mois d’une élection cruciale.