Suite au passage des bulldozers, l’Epp Agban, unique école primaire préservée dans le quartier Banco 1 de la commune Attécoubé, abrite désormais plusieurs familles qui ont été délogées le mois dernier, selon les informations de Linfoexpress.
Quelques temps auparavant, le quartier Banco 1 de la commune avait été démantelé dans le cadre d’un projet de réaménagement urbain à Abidjan, laissant plusieurs familles sans abri. Autrefois un établissement éducatif animé, fréquenté par des élèves et des enseignants, l’Epp Agban, situé dans le quartier Banco 1 à Attécoubé, a perdu sa vocation première. Il est aujourd’hui transformé en refuge pour les résidents dont les maisons ont été démolies. Le seul bâtiment intact au milieu des débris, offre malheureusement un aspect moins reluisant.
L’espace est devenu extrêmement insalubre, jonché de débris de meubles, de briques, de vêtements, de tôles dispersées, avec quelques feuilles de légumes et des arbres abattus par les bulldozers. Selon nos sources, la cour de l’école est désormais utilisée comme une vaste cuisine collective, où certains préparent les repas tandis que d’autres s’occupent de la cuisson sur des feux de bois. Cet endroit, jadis vibrant de jeux et de rires, est maintenant le symbole de la résilience de la communauté déplacée. Des groupes de personnes s’activent partout, créant une effervescence incessante. Les différentes générations, des personnes âgées aux jeunes enfants, sont assises, plongées dans leurs pensées.
Les salles de classe ont été transformées en abris temporaires, équipés de matelas, de nattes, d’ustensiles de cuisine et de quelques meubles récupérés lors de l’évacuation forcée, offrant ainsi une protection contre les intempéries et les voleurs. Chaque nuit, ces personnes s’endorment avec l’espoir d’un avenir meilleur.
Selon I.B., originaire du village Agban, de nombreuses familles ont dû temporairement s’installer à cet endroit. Il affirme que cette situation précaire touche des milliers de personnes. Près du portail d’entrée, des jeunes se rassemblent autour de K. Ange, un homme d’environ quarante ans, qui apporte son soutien aux habitants autant qu’il le peut.
Il exprime son désarroi envers le manque de sensibilité : « Comment peut-on détruire un village comme un simple quartier, sans consulter préalablement la communauté et ses habitants ? Aucune mesure d’accompagnement n’a été prise pour aider les populations. Ce village existe depuis 1895 et du jour au lendemain, il est rasé sans aucune considération sociale. D’autres ont été réveillés en pleine nuit par le bruit des machines. C’est vraiment horrible ».
Il poursuit en expliquant qu’aucune autorité locale n’a contacté les résidents. Les personnes déplacées ont donc décidé de revendiquer leurs droits. « Nous recensons les propriétaires fonciers et les locataires pour demander justice », explique-t-il. Une femme d’une trentaine d’années, désespérée, exprime son sentiment d’abandon : « On se sent totalement livrés à nous-mêmes », dit-elle, implorant toute forme d’aide divine. Elle ajoute : « Comment peut-on laisser femmes, enfants et hommes dans cette situation ? Cet établissement scolaire reste le seul espoir pour des familles qui ne savent pas où aller ».
Discussion à propos de ce post