Entré à la 86eme minute, Simon adingra fut auteur du but de l’égalisation à la 90eme minute. Ce but sonna la revolte des ivoiriens face à des maliens organisés tactiquement. Dans un recit recueilli par François Garitte, Adingra nous raconte son parcours semé d’embuches et d’expériences douloureuses.
« Je jouais dans la rue en Côte d’Ivoire. Un escroc m’a pris 300 euros pour m’emmener au Bénin dans un centre de formation. Sur place, je l’avais des assiettes dans des restaurants en échange d’un peu d’argent et de repas. »
Gamin, je jouais dans la rue de mon quartier. Dès le plus jeune âge, le football était ma passion. Je voyais le parcours de grands frères comme Didier Drogba et je voulais les imiter. En me voyant jouer dans la rue, une connaissance m’a dit : ‘Simon, ce serait mieux que tu sois encadré dans un centre de formation.’ J’ai alors rejoint un centre d’Abidjan où je m’entraînais deux fois par semaine, les mercredis et les samedis, tout en continuant mon parcours scolaire. Puis un jour, un coach est venu voir mes parents en disant qu’il connaissait une bonne académie au Bénin qui avait besoin de jeunes talents comme moi.
Mon père, qui est depuis décédé, a toujours voulu que je devienne footballeur et a accepté que je parte. Il fallait payer une somme d’environ 300 euros à ce gars, et je suis parti au Bénin avec neuf autres jeunes Ivoiriens. “Sauf que ce gars était un escroc. Il avait tout inventé et est parti avec notre argent. Il n’y avait ni académie ni logement pour nous sur place.
Nous étions tous les dix au Bénin, à l’âge de 12 ans, livrés à nous-mêmes sans l’aide de personne. Nous n’avions même pas d’argent pour nous nourrir… Il y avait alors deux possibilités : soit retourner en Côte d’Ivoire, soit attendre et voir si une opportunité arrivait. Nous avons décidé de rester tous ensemble et de faire des petits boulots pour commencer à gagner de l’argent. Nous lavions par exemple des assiettes dans des restaurants en échange d’un peu d’argent et de repas. Un jour, nous nous promenions dans la rue et un type ayant fait ses études en Côte d’Ivoire a reconnu notre accent ivoirien.
Il était étonné de retrouver une dizaine de jeunes Ivoiriens au Bénin. Nous lui avons expliqué la situation, et il a été scandalisé par les conditions dans lesquelles nous vivions. Il a tout fait pour nous trouver une autre maison et a eu l’idée de créer une petite académie de football avec les neuf jeunes et moi. Au fil du temps, d’autres joueurs ont intégré le centre et c’est devenu une réelle académie au Bénin. Un jour, il a vu sur Internet qu’un tournoi avait lieu à Accra, au Ghana, et nous sommes allés jouer là-bas. Je suis toujours en contact avec lui ; il est d’ailleurs venu me voir jouer lors d’Union-Zulte Waregem début février.”
“Pendant le tournoi au Ghana, des recruteurs de l’Académie ‘Right To Dream’ ont été charmés par mes prestations et m’ont proposé de faire un test de deux semaines au sein de leur centre de formation assez réputé. Là-bas, tout était très professionnel avec une belle organisation et des coachs diplômés, même si ce n’était pas facile pour moi au début, car je ne parlais pas anglais. Le matin, nous avions un moment de prière tous ensemble avant d’aller à l’école. L’après-midi, nous avions un entraînement. Je suis resté là-bas durant deux ans et j’ai joué avec Kamaldeen Sulemana, qui évolue actuellement à Southampton, ou encore Mohamed Kudus de l’Ajax (à West Ham actuellement).” Un témoignage rapporté par François Garitte.
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