À l’issue d’une rencontre avec le « Rassemblement des Ziguéhis RHDP », le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Adama Diawara, a exhorté ce groupe à « veiller à la tranquillité des cités universitaires ».
« Ce lundi 18 août 2025, j’ai rencontré à Williamsville le “Rassemblement des Ziguéhis RHDP”. Eux-mêmes se définissent ainsi : Nous ne sommes pas des loubards, mais nous n’aimons pas le désordre », a-t-il indiqué sur ses réseaux sociaux.
Le ministre a salué leur non-implication dans les récentes tensions universitaires liées à la FESCI, avant de les inviter à « contribuer à la sérénité des campus ». Il a également reconnu leur avoir demandé de soutenir les candidats du RHDP aux scrutins présidentiel d’octobre et législatif de décembre 2025, tout en appelant à « préserver la paix durant tout le processus électoral ».
Derrière ce discours en apparence conciliateur, de sérieuses inquiétudes émergent. Solliciter les « Ziguéhis » — terme historiquement associé aux bandes urbaines violentes — pour sécuriser l’espace universitaire s’apparente à une dérive inquiétante. Cela revient à déléguer à des groupes parallèles un rôle régalien relevant normalement des forces républicaines de sécurité.
Au-delà de l’image brouillée que cela renvoie de l’État, une telle démarche crée un précédent dangereux : l’ingérence de groupes informels dans la vie universitaire et électorale. Elle ouvre la porte à des risques d’intimidation, de violences ciblées et de récupération politique.
L’histoire récente du pays rappelle les conséquences tragiques de l’instrumentalisation de la jeunesse marginalisée : environ 3 000 morts lors de la crise post-électorale de 2010 selon l’ONU, et au moins 85 morts en 2020 selon les autorités ivoiriennes.
À deux mois de la présidentielle d’octobre 2025, alors que le climat politique reste tendu autour de la question de l’éligibilité de certaines figures majeures, cette stratégie d’appui sur des « loubards » pour assurer l’ordre universitaire et électoral suscite de vives interrogations.
Plutôt que de renforcer la confiance, elle pourrait fragiliser davantage la cohésion sociale et exposer la Côte d’Ivoire à de nouvelles turbulences, là où seule une approche institutionnelle et républicaine de la sécurité semble en mesure de garantir une paix durable.
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