Accusé de semer le doute au sein du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), Ahoua Don Mello, vice-président du parti, monte au créneau.
Dans une mise au point transmise à Linfodrome, il dénonce une « instrumentalisation politique » autour d’un document stratégique adressé à Laurent Gbagbo. Il revient, point par point, sur ce qu’il qualifie de tentative de « diabolisation » à son égard.
Depuis plusieurs jours, une missive attribuée à Ahoua Don Mello fait grand bruit au sein de la famille politique de Laurent Gbagbo. Présentée comme une proposition de « plan B » à la candidature du président du PPA-CI, cette lettre a provoqué une vive polémique au sein de l’appareil du parti. Le vice-président a finalement brisé le silence pour rétablir sa version des faits.
Une note confidentielle transformée en « lettre explosive »
Dans un document officiel daté du 16 juillet 2025, signé par son cabinet, Ahoua Don Mello nie catégoriquement avoir remis une « lettre » ou appelé à un quelconque « plan B ». Pour lui, la controverse est née d’une note d’analyse confidentielle, transmise à Laurent Gbagbo le 29 juin dernier, dans un cadre strictement privé.
Ce document, que certains médias ont qualifié de « lettre explosive », n’aurait, selon son auteur, aucune valeur épistolaire ni injonctive. Il s’agissait, précise le communiqué, d’un simple document de travail stratégique, s’inscrivant dans la longue tradition d’échanges entre Don Mello et Laurent Gbagbo.
L’objectif de cette note était de proposer des pistes de réflexion internes afin d’anticiper les conséquences d’une éventuelle non-validation de la candidature de Gbagbo, actuellement écarté de la liste électorale. Une démarche jugée normale et transparente entre le président du parti et l’un de ses plus anciens collaborateurs.
Fuite et « opération orchestrée »
Selon le cabinet de Don Mello, le président Laurent Gbagbo, usant de son pouvoir discrétionnaire, a bien transmis la note à un groupe de travail composé du Président Exécutif Sébastien Dano Djédjé, du Secrétaire Général Jean-Gervais Tchéidé et du Président du Conseil Stratégique et Politique Justin Katinan Koné. L’objectif était d’échanger directement avec le vice-président et de lui faire un compte-rendu.
Cependant, ce document, initialement confidentiel, a fuité dans la presse sous trois versions différentes. Le cabinet de Don Mello dénonce une « opération orchestrée » visant à nuire à son auteur.
« Qui avait intérêt à court-circuiter une seconde rencontre avec le président du parti ? À qui profite la fuite ? », s’interroge la note. L’entourage du vice-président dénonce un « terrorisme idéologique », un climat de méfiance et un manque de respect des règles de camaraderie.
Plus grave encore, le communiqué officiel du PPA-CI en date du 13 juillet, signé par Sébastien Dano Djédjé, a affirmé n’avoir jamais eu connaissance de cette note, une déclaration que Don Mello juge « anti-démocratique ».
« Candidatures de précaution » et débat stratégique
Don Mello insiste sur le fait qu’il ne s’agissait ni d’un « plan B », ni d’un « plan C », encore moins d’une « candidature de substitution ». Il proposait uniquement de réfléchir à deux ou trois « candidatures de précaution« , prêtes à se retirer si une solution politique venait à confirmer la candidature de Gbagbo.
Une démarche qu’il qualifie de pragmatique et lucide, face à la possibilité que le PPA-CI se retrouve, une fois de plus, sans candidat. « Depuis 2011, nous avons fait le choix de la chaise vide. Pouvons-nous encore prendre ce risque en 2025 ? », s’interroge le document.
Pour Don Mello, la note visait à ouvrir un débat stratégique au sein du parti, à l’approche d’une échéance cruciale. Mais la réponse à sa démarche, dit-il, a été une fin de non-recevoir.
Enfin, Ahoua Don Mello réfute formellement la rumeur selon laquelle il serait en train de créer un mouvement politique parallèle. Le nom de « Mouvement Souverainiste de Côte d’Ivoire », qui lui a été attribué sur les réseaux sociaux, serait « totalement imaginaire ».
« Le camarade Ahoua Don Mello reste et demeure militant du PPA-CI n’en déplaise à ceux qui lui indiquent la porte de sortie », conclut le texte, signé par son cabinet.