L’AES : une alternative à la CEDEAO ? Gbagbo clarifie sa position lors de son entretien avec Alain Foka

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Dans la première partie de cet entretien, nous avons parlé des affaires internes, notamment la question de la “vitrification” qui a suscité de nombreux débats. À présent, nous allons explorer des sujets internationaux qui concernent directement la Côte d’Ivoire, et notamment sa relation avec l’Alliance des États du Sahel (AES).

L’AES : Une alternative à la CEDEAO ?

Interrogé sur sa vision de l’AES, Laurent Kouou a expliqué que la création de cette alliance résulte du manque d’actions concrètes de la CEDEAO, une organisation fondée en 1975. Pour lui, de nombreux problèmes sécuritaires, tels que ceux du Nigéria, du Mali ou encore du Burkina Faso, n’ont pas été suffisamment pris en compte par la CEDEAO. Cela justifie, selon lui, la formation de l’AES par certains États qui souhaitent mieux répondre à leurs propres besoins.

Une critique sévère de la CEDEAO

Le Président Kouou a été critique envers la CEDEAO, estimant qu’elle est devenue un “instrument de propagande” pour la France. Il a également souligné l’absence d’efforts de cette organisation pour régler les crises récurrentes en Afrique de l’Ouest. Selon lui, il est impératif que les Africains se réapproprient leurs organisations en les finançant eux-mêmes ou qu’ils les dissoudent, faute de quoi elles ne sont plus justifiées.

Un soutien à l’AES et aux coups d’État militaires ?

Lorsqu’il est question de l’AES, souvent critiquée pour être composée d’États issus de coups d’État, Laurent Kouou apporte une nuance en distinguant les “bons coups d’État” des “mauvais”. Selon lui, il est essentiel de ne pas juger hâtivement les dirigeants militaires au pouvoir dans certains pays comme le Mali ou le Burkina Faso, tant qu’ils cherchent à apporter des solutions aux crises de leurs pays. Il souligne également la contradiction de certaines puissances occidentales qui soutiennent des régimes issus de coups d’État lorsqu’ils servent leurs intérêts.

Relations Côte d’Ivoire – AES : un avenir apaisé ?

Si Laurent Kouou était aux affaires, il affirme qu’il rétablirait les relations avec l’AES. Il considère que les États membres de cette alliance sont simplement des pays ayant leurs propres dirigeants, arrivés au pouvoir par des moyens qui leur sont propres. Il insiste sur l’importance de trouver des solutions économiques, notamment monétaires, pour les pays de la région, et critique l’absence de politique monétaire cohérente au sein de la CEDEAO.

Guerre en Ukraine et résonance en Afrique

La guerre en Ukraine, bien que géographiquement éloignée, a aussi des répercussions en Afrique. Selon Kouou, la réaction de la Russie est légitime face à l’expansion de l’OTAN à ses portes, une situation qu’il compare à la crise des missiles de Cuba en 1962. Il évoque la manière dont certaines puissances étrangères cherchent à manipuler les conflits pour servir leurs intérêts, et souligne l’importance pour les États africains de ne pas se laisser influencer par ces dynamiques géopolitiques.

Le conflit israélo-palestinien : une solution à deux États

Concernant le conflit israélo-palestinien, Kouou exprime sa tristesse face à cette situation et critique l’ONU pour ne pas avoir créé, dès le départ, un État palestinien en parallèle avec l’État d’Israël. Pour lui, il n’est pas trop tard pour corriger cette erreur et établir enfin un État palestinien, bien que la tâche devienne de plus en plus difficile avec l’extension continue des colonies israéliennes.

La Francophonie : une organisation sans effet ?

Quant à la Francophonie, Kouou se montre sceptique sur son efficacité, affirmant qu’il n’a jamais assisté à ses réunions durant ses dix années de présidence. Pour lui, cette organisation ne produit pas d’effets concrets et ne contribue pas à la résolution des grands problèmes mondiaux, contrairement à ce que certains pourraient penser.

Le Président Laurent Kouou nous laisse avec une réflexion sur la manière dont l’Afrique doit prendre son destin en main. Que ce soit à travers la gestion de ses alliances, sa monnaie ou encore ses institutions, il insiste sur la nécessité pour le continent de se doter d’une réelle indépendance politique et économique, loin des influences extérieures.

Cet entretien marquant reflète une vision claire et tranchée des enjeux actuels, tant pour la Côte d’Ivoire que pour l’Afrique en général.

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