Affaire revalorisation du SMIG : Quand des travailleurs n’arrivent pas à s’en sortir à cause de l’inflation

Il reçoit un transfert de près de 400 milles FCFA par erreur ; voici ce qu’il en a fait (photo)

Inchangé pendant 7 ans, le Salaire minimum interprofessionnel garanti a été revalorisé le 1er janvier 2023 en Côte d’Ivoire, passant de 60 000 francs CFA (91,34 euros) à 75 000 francs (114,17 euros) par mois.

Malgré cette augmentation de 25%, le salaire minimum est toujours considéré comme beaucoup trop faible par les syndicats et les travailleurs, compte tenu, notamment, de la hausse généralisée des prix.

Un homme de 42 ans, vêtu d’un uniforme jaune, accompagne avec quelques gestes de la main les véhicules qui désirent se garer devant une compagnie d’assurance. Si cet agent de sécurité ne veut pas révéler son nom pour ne pas s’attirer d’ennuis, il accepte de sortir de sa poche sa fiche de paie. « Je touche exactement 92 000 francs. »

Une rémunération nette qui comprend également la prime de transport obligatoire. Son employeur a mis trois mois avant de respecter le salaire minimum et peine encore à se mettre en conformité avec la loi, la prime de transport étant fixée en théorie à un seuil minimum de 30 000 francs par mois. Selon ce père de famille, son salaire ne lui permet plus de faire face à la hausse des prix. « Parce qu’il n’y a pas de maison à moins de 40 000 francs. En réalité, ça a été revalorisé, mais la vie est tellement coûteuse. Tout le marché augmente, donc c’est très compliqué. »

“Niveau salaire, je ne m’en sors pas”

Pour couvrir ses charges fixes, il doit son salut à la générosité des Abidjanais qui laissent quelques pièces ou un billet en reprenant leur voiture – 30 000 à 40 000 francs par mois supplémentaires, soit quasiment la moitié de son salaire. « Étant au travail, je me débrouille pour avoir souvent 500 ou 1 000 francs. Avec ça, j’essaie de garder un peu jusqu’à la fin du mois pour la “popote” de la maison. Sinon, avec 92 000 francs, on ne peut rien faire », ajoute le père de famille.

Alors quand des charges exceptionnelles surviennent au cours de l’existence, les difficultés sont nombreuses. Pour cette rentrée 2023, il n’a pas encore scolarisé sa fille de 10 ans. « Je suis en train de faire des efforts pour qu’elle aille à l’école, elle entre en classe de CM2 cette année. Pour qu’elle arrive à passer son examen d’entrée en 6%u1D49 cette année, je ferai tous les efforts, même si niveau.

Un salaire minimum insuffisant

Malgré un salaire minimum jugé insuffisant pour vivre décemment, certaines entreprises continuent de ne pas respecter ce minimum légal. Les syndicats luttent contre le phénomène, mais aussi contre la répression de ceux qui le dénoncent.

« Si l’administration apprend que vous voulez vous organiser en tant qu’organisation de travailleurs, ils se chargent de trouver un argument, n’importe lequel, pour se débarrasser de vous », explique Pierre Koulaté.

Le syndicat souhaiterait que le salaire minimum soit revalorisé et indexé sur l’inflation. Un salaire minimum qui, rappelons-le, concerne un nombre restreint de travailleurs. Selon une enquête menée en 2016, plus de 93% de la population active travaille dans le secteur informel où le droit du travail s’applique rarement.

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