La maison de retraite ouverte en septembre 2023 par Mme Nina Zougo à Bingerville est la toute première en Côte d’Ivoire. Mais cette spacieuse maison rénovée n’a encore enregistré de pensionnaires.
Ce cadre bien aménagé et répondant aux normes minimales d’hygiène Compte pour l’instant 07 lits. L’initiatrice du projet et ses associés attendent avec patience leurs” hôtes” mais laissent tout de même entrevoir à travers leurs propos une petite inquiétude dûe à l’opinion publique. “Nous recevons des coups de fil , de personnes intéressées, mais pas plus. Les gens, je pense ont peur du qu’en dira-t-on. Que dira leur entourage , la famille, les gens du quartier. Je pense que c’est ça leur problème”, a expliqué Dame Zougo à Africanews.
“Il faut dire qu’en Côte d’Ivoire, l’idée d’une maison de retraite n’est pas adoptée par tous”. Qui s’occupe alors des personnes âgées ? “Dans 80% des cas, ce sont des membres de la famille”, dans d’autres, “c’est le voisinage”, répond le sociologue ivoirien spécialiste du vieillissement, Arnaud Dayoro.
Une solidarité “mécanique”, selon l’universitaire, dans un pays où, comme ailleurs en Afrique, le respect des aînés est une base fondamentale des rapports sociaux.
En Côte d’Ivoire comme en Afrique, ne pas être en contact permanent avec ses géniteurs est vu comme une ingratitude de votre part , voire une malédiction .
“Mes enfants doivent s’occuper de moi parce qu’ils sont nés de moi, c’est à eux de s’occuper de moi maintenant. J’ai fait ma part”. Cette parole est comme un refrain , un réflexe pour les parents Africains. Parole qu’aucun Africain n’ignore l’impact .
En Afrique, loger son géniteur ou génitrice dans une maison de retraite ferait scandale, voire désordre. Toute la grande famille , vous abandonnera à votre tour. Vivre en famille est vu comme une preuve d’harmonie et de solidarité sans pareille en Afrique : le contraire est à l’opposé de la perception de la notion de famille de l’Africain. Être entouré de ses petits enfants et arrières petits enfants est une joie et un bonheur indescriptibles pour les personnes âgées, en Afrique.
En Côte d’Ivoire, un “aidant” – une personne qui assiste un proche en perte d’autonomie -, “c’est la petite dernière qui n’est pas allée au bout de ses études, l’aînée de la famille qui n’a pas d’argent ou d’époux”, explique la fondatrice de la maison de retraite, Nina Zougo.
C’est le lien entre les générations qui a motivé le choix d’Albert Kipré, né en Côte d’Ivoire il y a 84 ans. Après près d’un demi-siècle en France, il a choisi de revenir dans son pays natal, pour éviter la maison de retraite dans l’Hexagone où vivent certains de ses enfants. “Ce serait atroce de mourir abandonné là-bas. En France, j’ai eu une famille sans en avoir, car la vie là-bas ne me permet pas de vivre avec eux. Ici on est en famille: notre façon de vivre, elle est humaine, c’est notre richesse”, estime-t-il.
Pour Nina Zougo, pas question toutefois d’isoler les futurs résidents de sa maison de retraite. Consciente des dysfonctionnements des établissements occidentaux, elle veut créer un lieu de vie animé, où les relations sentimentales et sexuelles ont aussi leur place.
Mais cette maison de retraite n’est accessible qu’à une minorité .de la . Un séjour d’une journée coûte 35.000 francs CFA, soit environ 53 euros. Soit 35000 CFA×30= 10.50.000 CFA/ mois. De quoi, rendre retissant les concernés.
Letty GNÉ