Samedi 28 octobre 2023. Il est 8 h 30 et nous sommes à quelques encablures du marché du quartier Plateau Dokui, non loin de la pharmacie Azur. À proximité, nous avons la gare des taxis communaux, appelés ” Wôrô wôrô”.
Nous remarquons la présence de 5 gosses (enfants), ils ont entre 9 ans et 13 ans. Tous munis de brouettes. Lorsque nous demandons au syndicat des chauffeurs, le motif de la présence de ses enfants munis de brouettes ? La réponse nous laisse de marbre.
Nous leur déclinons notre identité, mais ils sont toujours méfiants. L’aîné d’entre eux a 13 ans , son nom est Chérif. Pris de compassion, nous leur donnons quelques pièces, pour s’acheter de quoi déjeuner. Mais ils ont les regards fixés sur l’entrée principale du marché. Après le casse-croûte, nous leur demandons pourquoi, ils font ce métier ?
Ils nous disent qu’ils n’ont pas de parents pour s’occuper d’eux : les nourrir ou les scolariser. Nous dit Souleymane Bah. Dis -nous Souleymane, à combien faites-vous les bagages que vous transportez pour les femmes ? << on dit 300 jusqu’à 1000 f , mais les mamans donnent parfois ce qu’elles veulent. On va faire comment ? On prend. Nous gagnons 2000-2500 par jour>>.
Nous louons les brouettes à 300 ou 400 f. Les samedis, nous gagnons parfois 3 000 f-3500 f, parce que c’est le grand jour de marché. Malgré cette activité qui leur permet de gagner de l’argent chaque jour, Éric Kouadio âgé de 12 ans, n’est pas fier de ce travail de Brouettier.
<< Moi ce travail ne me plaît pas, mais je suis obligé de le faire pour manger et payer quelques habits. Ce n’est pas un bon travail. Si demain, je suis grand, que j’ai une femme et des enfants. Est-ce que l’argent peut suffire ? Je veux apprendre un métier. Pousser brouette n’est pas un métier. C’est donc avec Eric Kouadio que nous mettons fin à notre incursion dans le milieu des enfants Brouettiers. Le hic de ce travail de Brouettier que font ces enfants, il y a la force physique qui leur fait défaut ; parce que les bagages qu’ils transportent sont parfois lourds et les intempéries. Quand il pleut, ils sont obligés de rester sous la pluie en attendant des éventuels clients.
Ce, tout en grelotant sous leurs légers vêtements. Que les autorités et les bonnes volontés interviennent en interdisant ces enfants de faire ce travail, car leur avenir n’est pas dans les marchés, mais dans les salles de classes. Les recenser et les inscrire dans des centres de formation serait leur donner un meilleur avenir : car les enfants sont l’avenir d’un pays.
Alain Martial