Éditorial d’Adama Koné : Bédié, Ouattara et… Blondy

Éditorial d'Adama Koné : Bédié, Ouattara et... Blondy

Dans l’extrait d’un acte de naissance, trois informations potentielles doivent être fournies, et ce sont des dates qui étaient inconnues à la naissance. Parmi ces trois informations, deux peuvent être connues.

La première de ces informations est la date de mariage. La deuxième, qui est une information peu souhaitable, concerne la date de dissolution du mariage, c’est-à-dire la date de divorce. La troisième information est détenue par le Tout-Puissant, Dieu lui-même, et c’est la date de décès.

En réalité, le détenteur de l’extrait d’acte de naissance ne voit jamais sa propre date de décès inscrite. Seuls les vivants sont capables de le faire.

Le président Henri Konan Bédié est maintenant connu pour cette mention funeste. Hier, en effectuant une recherche de son nom sur un moteur de recherche, on pouvait lire : Henri Konan Bédié, ancien Président de la République de Côte d’Ivoire, né le 5 mai 1934 à Dadiékro, décédé le 1er août 2023. Depuis cette tragique date, la Côte d’Ivoire est en deuil. La nation ivoirienne se mobilise.

La nation ivoirienne est unie dans la prière pour le repos de son âme. Au sommet de cette mobilisation, le Chef de l’État, le Président de la République, Alassane Ouattara. Il s’est rendu à la résidence de Cocody en compagnie de son épouse, Dominique Ouattara, pour exprimer leur soutien à la famille Bédié et lui témoigner leur compassion.

Toutes les activités ont été suspendues : l’inauguration du pont reliant les communes du Plateau et de Cocody, la cérémonie de remise des prix d’excellence, et même la grande cérémonie de célébration du 63e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire a été annulée.

L’ancien Président Laurent Gbagbo, le Premier ministre Patrick Achi, le président de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo, la ministre Kandia Camara, ainsi que de nombreuses autres personnalités du gouvernement, des institutions, de l’opposition et de la société civile, se sont réunis pour exprimer leurs condoléances.

Face à la mort, il n’y a pas de controverse possible. Le Maître du temps, des circonstances et de l’espace décide, et l’homme doit accepter. Mais cette fatalité nous rappelle notre interconnexion en tant qu’êtres humains, et nous ramène à des valeurs simples et essentielles telles que l’humanisme, l’humilité et la fraternité.

En effet, Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié étaient comme des frères. Ce n’était pas un hasard lorsque le Président les qualifiait de tels. Cette relation fraternelle pouvait être observée sous trois angles. D’abord sur le plan politique, où ils avaient initié un rapprochement entre leurs partis respectifs dès 2006, au bord de la Seine à Paris.

Ensuite, d’un point de vue familial, leurs familles d’origine se connaissaient depuis longtemps. Enfin, sur le plan géographique, Bédié était né à Dadiékro, à seulement 93 kilomètres de Dimbokro, où Alassane Ouattara avait vu le jour le 1er janvier 1942.

Il est intéressant de noter que Dimbokro a également vu naître une autre personnalité notable du pays, le chanteur Alpha Blondy, le 1er janvier 1953. Ses paroles, “les larmes de Thérèse”, sont probablement appropriées pour évoquer les larmes d’Henriette aujourd’hui. En vérité, comme le célèbre artiste de reggae le dit, le monde n’est pas notre résidence permanente.

L’enfer n’est pas une destination souhaitable non plus. Chacun de nous frappe à la porte du paradis. Alpha conclut en disant : “ils s’en vont, un à un”.

Oui, c’est une réalité triste. Hier, c’était le premier Président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny. Hier, c’était le Chef de l’État, Robert Guéi. Hier, c’était le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly. Hier, c’était son successeur, Hamed Bakayoko. Hier, c’était le président de l’Assemblée nationale, Amadou Soumahoro. Le pays a perdu d’autres fils illustres, qu’ils soient célèbres ou inconnus, sans oublier les 3000 morts de la crise post-électorale. Les portes du paradis doivent être ouvertes pour tous nos défunts, dans chaque famille, sans exception.

Le décès du président Bédié doit rappeler aux politiciens que leurs actions ont pour finalité le bien-être de la population. Le Président Houphouët affirmait que “le plus gros poisson de nos fleuves est le capitaine, mais le capitaine hors de l’eau n’est rien. Hors du peuple, je ne suis rien”.

À moins d’un mois des élections régionales et municipales, les différences politiques ne doivent pas perturber la tranquillité de la population. Comme nous le voyons tous face à la mort, les politiciens ont l’obligation d’être unis pour préserver une paix durable et contribuer au développement. Sinon, ils risquent de perturber le repos éternel des défunts.

La Côte d’Ivoire est en deuil pour une période de dix jours, et il est significatif que cette période coïncide avec la commémoration du 63e anniversaire de l’indépendance du pays. Prions le Tout-Puissant, le Miséricordieux, d’accepter ce moment de recueillement et de permettre à tous les citoyens vivant en Côte d’Ivoire de vivre suffisamment longtemps pour connaître le bonheur qu’Il leur réserve.

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